12 venessia-01
PARU LE 20 octobre 2000
(© 2000 Doumtak / Harmonia Mundi)

 

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Suite pour voix de femme, voix d’hommes et ensemble instrumental

Chanté en vénitien
Voix : Christiane Legrand et Abed Azrié
Texte : Andrea Zanzotto
Musique : Abed Azrié

PRÉSENTATION.

'Venessia' est la première œuvre d’Abed Azrié en langue latine (le vénitien). Le texte d’Andrea Zanzotto –poète fétiche de Fellini – est un poème puissant et vibrant, consacré à l’exploration des archétypes du féminin, une épopée intérieure. Abed Azrié puise à la source de ses souvenirs sonores les plus Anciens : Alep et l’Orient, compose une partition ciselée où la modalité rejoint l’écriture contemporaine.

Ils ont dit...
« Il faut entrer dans « Venessia » sur la pointe des pieds, Comme à une séance initiatique. Ici, la musique D’Abed Azrié, la poésie d’Andrea Zanzotto fusionnent et s’élèvent en une incantation qui rappelle l’esprit de Venise, Venessia, Venùlula, Venùsia, ville-femme, ville déesse, ville sorcière, ville prostituée, étendue sur le bord de l’Adriatique, chaînon de chair et d’or entre l’Orient et l’Occident. »
Amin Maalouf

Il faut entrer dans ce disque comme on entre dans le cloître d’un culte méconnu : avec l’attente presque inquiète d’une inquiétude nouvelle, avec une peur ténue de la paix qu’on y trouvera. Abed Azrié est un savant dans notre monde d’artistes fidèles à des formes et à des marchés ; c'est-à-dire qu’il ne refuse rien aux caprices du savoir, aux découvertes d’un désir forcément exigeant, luxueux, hors du temps. Il a chanté Gilgamesh, des poètes soufis ou andalous, et le voici maintenant qui évoque Venise, ville côtière de toutes les mers du Vieux Monde, creuset des secrets et des rencontres, matrice de toutes les sagesses et de toutes les amours. Sur des poèmes en langue vénitienne d’Andrea Zanzotto (le poète que Fellini aimait), les voix de Christiane Legrand (ex-Swingle Singers et interprète de Luciano Berio) et d’Abed Azrié avancent dans une brume striée de vifs rais de lumière. Peu d’instrument (percussions, clavier, accordéon, EWI, Marimba, vibraphone) mais un horizon mystérieusement vertical, comme dressé devant les yeux sans qu’on sache à quelle distance. Empruntant à des idiomes traditionnels, à quelques pratiques un peu new age, aux jeux d’oppositions et aux brusqueries de la musique contemporaine, Venessia théâtralise passionnément les voix : hauteurs liturgiques et feulements canailles, gouaille populaire et dispositions savantes, un bréviaire des audaces et des songes superbement feuilleté par Christiane Legrand. Et le re-recording permet à Abed Azrié, outre ses belles parties solistes, de figurer à lui seul un impressionnant chœur masculin.
Bertrand Dicale - Le Monde de la Musique